Itinéraire d’une sacrée vache

Deauville, encore Deauville, décidément je n’aime pas cette ville, il n’y a rien, juste les mêmes boutiques qu’a Paris, et puis on ne voit même plus la mer, les terrains de tennis la cachent….

Pas le moindre pré pour faire paître ma vache, et pour les enfants, pas de jeux, j’entends leurs pleurs, décidément je n’aime pas Deauville.

 

Je tourne en rond, ah voilà une bijouterie

– Pardon madame, les prés ?

– Je veux dire la Nature…un chemin avec des cailloux, pour mener ma vache !

– Je ne vois que du bitume.

– Après l’église ? où ça l’église ? je n’ai trouvé que des cul-de-sac !

– Comment ça, ma vache gène dans la boutique ? on est en Normandie non ? alors une vache ça devrait faire partie du paysage !

– Je devrais aller en Inde ? oui, ben c’est trop loin !

 

Je marche donc avec ma vache et mes enfants dans Deauville, ville tranquille, trouver le chemin, dans ce labyrinthe de boutiques.

Quelqu’un m’avait dit : le champ c’est facile, c’est juste au virage après le tas de fumier ! »

Vas-y le retrouver le tas de fumier entre la boutique Cartier et celle de Chanel !

 

Pourtant la voilà l’église, ses vitres étoilées, ses vitraux colorés, on peut y entrer aisément avec ses deux enfants en pleurs et sa vache noire et blanche.

Je n’ai plus envie de marcher, mon fils et sa sœur non plus, tant pis pour le pré et le tas de fumier, on s’arrête dans l’église, au moins rien n’est à vendre ici, la vache ne va rien renverser.

Il y a bien longtemps que je n’ai mis les pieds dans une église, la lumière du soleil fait danser les bleus des vitraux sur les dalles du sol, c’est mieux que la mer, les flammes des cierges vacillent doucement, tout est calme, même les enfants se sont tus. La vache a pris le bénitier pour une auge, et boit gouluement l’eau bénite ! …. Si après ça elle ne retrouve pas le chemin du pré toute seule !

Un homme s’avance, en soutane et en souriant

  • Madame ! que voilà une sacrée vache !
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