« La fraternité est la bougie qui éclaire le monde. » Iris a toujours cru que c’était une jolie phrase. Comme un emblème. C’était devenu une salutation et une devise dans sa famille. D’aussi loin qu’elle se souvienne, elle a entendu prononcer cette phrase par ses grand-parents, ses parents, ses oncles et tantes. Ils ont tous grandi dans ce concept de fraternité et d’entraide. Que c’est cela qui éclaire le monde et la société. Que c’est ce qui lui permet de s’épanouir. Iris a pris cela à cœur et essayait toujours de l’appliquer au mieux. Son cousin, Henri, s’était toujours moqué de son attitude. Il la trouvait coincé et lèche-botte. Pour lui, cette devise ne valait rien. Jusqu’à ce qu’Henri ait 18 ans, ils se chamaillaient sans cesse sur cette notion. Le lendemain de son anniversaire, pourtant, Henri est devenu solennel et révérent vis à vis de la devise. Il était empreint de cette même lourdeur qui émanait des adultes. Iris a essayé de la faire parler pour comprendre ce revirement. il ne pouvait pas avoir enfin saisi le sens de la phrase d’un coup comme on allume une lampe. Et Iris savait que ce n’était pas un hasard. Après le gâteau et les bougies, elle avait vu tout le monde emmener Henri. Sa curiosité n’avait pas payer car elle les avait perdu. Mais elle est persuadé que quelque chose s’était passé. Henri lui répétait juste d’attendre et qu’elle avait toujours eu raison. Pendant, les 6 mois qui séparaient les 18 ans d’Henri des siens, Iris a retourné le problème dans tous les sens. Aujourd’hui, au matin du jour où l’attente prend fin, elle appréhende. La fête, le gâteau, les cadeaux, tout se passe à toute vitesse. Puis, sa mère et son père lui prennent la main. Leurs visages sont sérieux mais leur yeux brillent de fierté. Henri lui sourit et lui fait signe que tout va bien se passer. Elle décide de leur faire confiance. Elle se souvient du début du chemin dans le jardin pour avoir suivi Henri. Ce qu’elle n’avait pas vu, c’est l’entrée de la grotte dissimulée derrière la cascade au fond de la propriété. En passant derrière le rideau d’eau, elle se demande comment personne ne tombe dessus par hasard. La question reste en suspend quand elle commence à observer le décor autour d’elle. On dirait un vieux château creusé dans la roche mais extrêmement bien entretenu. Les tentures semblent raconter l’histoire des ancêtres. Puis, ils arrivent dans une pièce circulaire. Au milieu se tiennent ses grands-parents et tout autour la majorité de sa famille. Ses parents l’emmènent jusqu’au centre. Son grand-père lui sourit et se décale un peu. Derrière lui se trouve une bougie sur un piédestal. Une bougie ordinaire, ronde et blanche. La flamme vacille doucement mais dégage une chaleur qui se diffuse jusqu’au cœur d’Iris. Elle lève les yeux vers son grand-père qui lui épingle un insigne sur son col.
« Bienvenue dans la Fraternité, Iris »