Elles

Elles attendent que la cloche sonne en papotant, se saluent, se reconnaissent. Celles qui viennent tous les soirs et celles du mercredi midi. Elles se confient les exploits de Théo ou de Léa, elles sont arrivées un peu en avance pour le plaisir de ces bavardages. Elles échangent des secrets sur la vie du quartier, sur la classe de Sarah ou de François. Sur la maîtresse très gentille et sur cette affreuse nouvelle qui fait pleurer Juliette. Venir faire classe en Louboutins, non mais quelle idée ! Car ce sont des lionnes, prêtes à tout pour protéger leurs petits bolides. «  Non, non, vraiment ce n’était pas Arthur,  il n’est pas comme ça « En toute objectivité bien sûr ! Souvent, elles portent des baskets qui brillent et des écharpes multicolores. Pas question d’avoir l’air vieille pour venir chercher les petits trésors. Elles ont dans leur sac à dos des pains au chocolat ou des chaussons aux pommes, des amandes et des biscuits. Quand enfin ils sortent et s’élancent dans leurs bras, elles peuvent enfin les enlacer et c’est un bonheur de chaire douce et ronde, un bonheur d’affectueux frottis. Celles qui ont eu leurs enfants très tôt sont encore toutes jeunes, fières d’être là, ne faisant pas leur âge, celles qui ont attendu plus longtemps s’appuient parfois sur une canne mais pas question de flancher ou de se plaindre.

Dans un joyeux brouhaha elles se disent au revoir et repartent tranquillement, un  bout’chou au bout des doigts. Leur peau froissée, leurs jours comptés, à la sortie de l’ecole Les grand- mères s’en fichent, pas de tombes, pas de cimetière, qu’il neige ou qu’il pleuve elles seront là, le cœur au chaud dans ce bonheur éphémère, le bonheur de ces moments là.

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