Quand je serai morte, je me tiendrai là, dans l’infinie variété du temps et de l’espace. Au début un peu frileuse, je resterai sans bruit tout près de ma maison. Loin de l’orage hurlant, je m’attarderai juste un instant pour ne pas les importuner près du lit de mes enfants. J’effleurerai leurs nuques et leurs paupières pour qu’ils dorment bien.. je me cacherai dans mon jardin, près de la balançoire et d’un souffle voilé j’essaierai de consoler cet enfant que je n’aurai pas eu le temps de connaître. Je m’attarderai , sans lèvres, au- dessus de ma tasse à thé préférée, je regarderai quelqu’un d’autre se l’approprier mais quand je serai morte, je serai loin des rancunes et de l’envie, légère, veloutée et le soleil me traversera sans hâte.
j’ écouterai les murmures et les bruits de ma ville. Je déplacerai juste un peu les statues que je n’aime pas. Une nuit, peut-être, je serai dans un cimetière, allongée sur la tombe de ma mère, apaisée, constellée d’étoiles, ivre de souvenirs.
je serai une libellule légère et mélancolique dans une odeur de foin coupé. Je frôlerai des rivages ébouriffés de lumière et des pierres acérées, sans m’écorcher Les pieds .
quand je serai morte, j’irai en Afrique, sans peur des guerres , sans redouter les amibes et les serpents. Quand je serai morte, je serai une aventurière. Je partirai seule, je partirai loin. Je ne lirai plus, je n’écrirai plus, je ne parlerai plus mais quand je serai morte je deviendrai arbre et fleur et neige. Je serai immense et libre. Quand je serai morte je n’aurai plus de limites.
je suis impressionnée par ton texte: c’est simple et tellement beau. Ca donne envie d’aller à ta rencontre dans l’au-delà!
Quand j’ai fini de lire, les larmes ont perlé.
Merci Monique