Havre de jardin

Je ferme la porte de la maison. Et je souffle. Je laisse le monde, le bruit, les attentes derrière. Toujours en premier enlever ses chaussures. Retrouver la liberté des pieds. Puis poser son sac et son manteau. Ensuite je n’ai d’autres choix que de m’occuper des poilus. Celle qui veut des câlins. Celui qui veut manger. Celui qui veut aller dehors. Et puis il ne reste plus qu’à changer de vêtements. Enfin chez soi, vraiment. Après tout ce rituel, je suis immédiatement attirée par le jardin. Il se découpe au loin par la fenêtre de la véranda. Un espace à l’abri pour respirer l’air de la nature. S’asseoir face aux arbres. Marcher pieds nus dans l’herbe douce. Sentir les fleurs d’oranger. Je fais glisser la porte-fenêtre et la laisse ouverte derrière moi. Je pourrais jardiner. Je vois les roses qu’il faut couper. Je pourrais lire allonger sur le transat. Un nouveau livre m’attend depuis une semaine. Je pourrais juste faire le tournesol. Il y a toujours un coin au soleil. Toutes les possibilités sont offertes. Je pourrais même écrire en maillot de bain. Pour retrouver un petit goût de plage. Il n’y a personne pour me juger ou m’observer. Ce temps n’existe que pour moi et moi seule. J’envisage presque de sortir la peinture ou le point de croix. Finalement il y a trop de possibilités. En attendant de décider réellement, mon corps prend la décision du tournesol. Les pieds bien ancrés dans la terre et le visage tourner vers le soleil. Je savoure le calme, la quiétude. Un léger vent caresse ma peau. Je lui offre mes pensées sans ordre, sans réflexion. Juste ce qui passe. Je me laisse porter et j’oublie de compter le temps. Finalement mon corps a choisi l’activité parfaite pour finir cette journée. Les brins d’herbe chatouillent mes chevilles. Le bourdonnement des insecte pour seule musique. La fourrure d’un chat frôle mes mollets. J’habite mon corps et ses sensations. Ma tête a déjà bien assez travaillé pour aujourd’hui. J’ai presque envie de danser porter par la musique de mon cerveau au repos. Mes doigts s’agitent doucement dans le vent. Et le sourire prend résidence permanente au milieu de mon visage. Au loin, j’entends la porte. La dernière pièce du puzzle pour une bulle parfaite. Dans ces moments-là je me demande ce qu’elle voit. Ce qu’elle pense. De cette femme qui danse seule sans musique et pieds nus au milieu du jardin.

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