Tout en main pour écrire un roman à succès

Satisfait, j’ai refermé les onze onglets ouverts sur le navigateur web de mon ordinateur, et claqué l’écran en le refermant.

Ça y est, j’avais tout en main pour écrire un roman à succès, toutes les clés pour réussir. Les différents conseils trouvés sur des blogs étaient consignés sur un ensemble de post-it jaunes, que j’avais accrochés sur le mur en face de mon bureau. Des citations un peu philosophiques sur la voie du succès étaient quant à elles sur des post-it verts, sur le mur à ma droite, avec, en plus, un proverbe chinois ancien que j’avais récupéré d’une vieille papillote de Noël dernier. Pas très bonne, au passage, la papillote.

Hier, j’étais allé m’acheter un carnet moleskine, carnet des grands écrivains, comme Hemingway ou Sepulveda.

J’avais aussi déjà le nom du livre en tête : « La vipère sous l’oreiller ». Je voyais déjà le livre, une fois en poche, avec son bandeau rouge, et écrit dessus en lettres blanches, au choix : « Prix Goncourt 2025 », « Prix des lycéens », « Prix des libraires ».

On est le 20 mars 2025, premier jour du printemps, jour de renouveau, et je me lance. J’écris le titre en première page du carnet, en m’appliquant. Satisfait, je le relis, mais je me rends compte que j’ai mis deux « r » à vipère. Bon, tant pis, il faut que je me lance.

Allez, c’est le moment.

Les minutes passent. Toujours pas de fulgurances.

30 minutes.

Je lis les citations inspirantes sur le mur.

Une heure. Rien. Bon, je m’y remettrai plus tard, le succès devrait pouvoir attendre encore quelques jours.

Jean C