Etre, c’est rapetisser.

Je ne suis pas d’accord. Je refuse cette association. Voilà. C’était spontané, en lisant le papier, j’ai dit « non », tout de suite. Si j’avais pu arracher les yeux de celui qui a écrit cela, je l’aurais fait. Je sens la grosse colère, celle que je connais si bien, qui jaillit face à l’inacceptable. « Être, c’est rapetisser. » Je répète ces mots et je sens mon ventre qui se serre. Comment peut-on dire un truc pareil ?

Et pourtant. Est-ce que ce n’est pas ce que j’ai fait ? En tout cas, pendant longtemps ? Qu’est-ce que je mets à la place de cette phrase ? Ça tourne dans ma tête, un vertige intérieur. Être, c’est… J’ai peur de sortir des banalités, « être, c’est vivre », « être, c’est être soi », « être, c’est devenir », « être, c’est… »

Et puis je pense aux contraires : « mourir, c’est grandir. » Le voilà bien mon cliché. Il faut mourir, finir, pour devenir autre chose, quelqu’un d’autre, et grandir.

Et si, finalement, je prenais la phrase comme elle vient ? « Être, c’est rapetisser. » Reprendre une taille normale. Revenir à l’intérieur de soi. Arrêter les débordements. Trouver l’essentiel. Élaguer ce qui dépasse pour (re)découvrir le noyau. Ce qui compte. Râper pour tisser. Rap(et) hisser. Alors, là, ça va mieux. Je veux bien prendre ce virage intérieur. Je veux bien oublier le passé, si ça permet d’endurcir l’avenir.

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