Déjà 17 heures, il faut que je me réveille. Je me suis endormie pendant le cours de bio et j’entends le prof dire : « c’est pourquoi tous les chiens sont orange ». Je me frotte les yeux, je bâille, je m’étire, pas très discrètement je l’avoue. Qu’est-ce qui lui prend au prof de parler de chiens orange ?
Pourtant, j’ai été raisonnable hier soir, j’ai révisé ma leçon, un peu trop tard sûrement pour piquer ainsi de nez en cours. Je ne me rappelle pas d’une histoire de chien. J’essaie d’interpeler ma voisine pour qu’elle m’explique mais, c’est pire, elle ronfle à côté de moi. Jamais de ma vie il en a été ainsi : avoir un prof aussi soporifique.
Perdue pour perdue dans ce cours auquel je ne comprends rien, je cherche à m’évader, à rêver, sans m’endormir cette fois. Ça serait plutôt comme pour me libérer complètement, m’envoler.
Mon regard scanne la salle de cours, s’échappe par la fenêtre où les branches des arbres feuillus dansent au vent. Je reviens vers la salle de classe et sur ce garçon qui me manque tant, mon éventuel partenaire particulier.
Au lieu de nous raconter des trucs sur des chiens orange, le prof de bio devrait plutôt nous expliquer comment se dépatouiller pour nos relations amoureuses. Ça fait bien partie de la bio. ça, non ? Ça ne se limite pas à l’explication de la reproduction quand même ?
En fait, le prof, il n’en sait pas plus que moi, pas plus que nous si ça se trouve. C’est même sûr, il n’en sait rien du tout à voir ses pantalons de velours mis à l’année et son polo Lacoste.
Alors comment je lui dis à mon homme idéal, mon arme fatale, ma folie, ma lubie, mon idylle ? En plus, ce n’est qu’en bio qu’il est en cours avec moi, mais loin de moi. Les places sont attribuées depuis le début de l’année et le prof est psychorigide sur ce point. Alors tout ça pour lui dire « je t’aime ». Je fais comment ? Et lui, m’aimera-t-il aussi ?