La carafe et le sparadrap

– Tu sais pas quoi ? L’autre con, il était tellement bourré qu’il s’est cassé la gueule et i m’a lâché. Heureusement qu’il pleut, dis, sinon j’me s’rais éclaté en mille morceaux. Et là, j’m’éclate autrement. J’ai l’impression de faire du rafting dans une gorge des Etats-Unis, pas alcoolisée celle-là !
– M’en parle pas ! Ma durée de vie sur sa tête d’abruti : même pas une heure. Il m’a sorti de la pharmacie après sa énième tentative de rasage raté. Une coupure ici, une coupure là. Il a voulu me découper en morceaux pour colmater ses ratages !
– Quel nase, j’t’assure ! Il me remplit avec sa vinasse dégueulasse à tous les repas. Chuis bien content qu’il pleuve, ça va m’enlever cette odeur de merde et ce dépôt. Mais, dis-moi, t’es encore en un morceau. Comment tu t’y es pris pour ne pas être disséqué ?
– Ben, j’vais te dire franchement, il a pas trouvé sa paire de ciseaux tout simplement. Tu peux pas savoir comme j’étais soulagé. Mais bon, il m’a pas bien collé parce qu’à la première gorgée, je me suis retrouvé sur toi.
– C’est pas grave, mec ! Avec plaisir. Ça me change des miettes de pain, des restes de vomi, des poils de barbe et des trucs que je n’ai pas vraiment réussi à identifier.
– Ouais, je sais. Parfois il me colle dessus et ça fermente encore plus. Laisse tomber, aujourd’hui, il nous a lâchés et c’est la grande aventure.
– Putain, merde ! Accroche-toi, ça va descendre sec !

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