Les mégots des autres

L’enfer, le paradis, ce sont des choses qui me parlent pas. Je crapote sur les mégots que je trouve au sol avec ma langue pâteuse, ma langue de bois. Est-ce que je suis de taille. De taille à affronter les vents et les marées, les montagnes d’absinthe dans les vallées. Les vallées noires de noirs qui en ont vu d’autres. Tu te penches sur leur histoire comme une fille se penche sur un pont et t’en apprends des vertes et des pas mûres, sur ces gens noirs, et leurs ancêtres, et la mémoire des ancêtres qu’ils portent dans leur sang rouge.

Je me demande comment ils font pour tenir la barre, les gens sans espoir, les enfants dans les mines pour les métaux précieux qui rendent malades ceux qui jettent leurs mégots sur le trottoir. Et je crapote sur leurs mégots.

Un jour j’aimerais que les noirs partent, vers ailleurs je sais pas, le paradis éternel. Qu’ils partent au loin sans repère ni repos car ca vaut mieux que toutes leurs saisons en enfer.

Les noirs, les blancs, les cons, les chiens. J’aimerais que les gens partent d’eux-mêmes. De leur cadre forgé patiemment. Mais moi je suis qui, en tout cas je suis pas de taille à partir de moi-même. Avant oui quand j’étais jeune, petit Marius les yeux ouverts. Maintenant qu’est-ce que tu veux, je pisse sur les fleurs jaunies et je n’ai pas de lit. Pissenlit. Toi tu me regardes peut-être derrière ton cadre de fenêtre et tu te demandes…Qu’est-ce qu’il a ce con à parler tout seul. Et tu as raison je suis un con.

Un voyageur du dimanche interrompu par la misère de ne plus pouvoir voir loin. Je suis un con déserté par les fleurs, les corps, le sel et l’horizon.

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