Au flou !

J’ouvre un œil. Le droit. Je ne reconnais pas ma chambre. D’ailleurs est-ce que je devrais me réveiller dans mon lit ? Voyons… quel jour sommes-nous ? Parce que si l’on est mercredi ou jeudi, je dors à l’hôtel Mercure. Lyon Centre les semaines 1 et 3, et Marseille Centre Vieux-Port les semaines 2 et 4.

Théoriquement.

Sauf si.

Sauf si mes réunions s’éternisent.

Sauf si les avions ne décollent pas. S’ils n’atterrissent pas, c’est en général mauvais signe.

Je cherche ma poche droite. Vide. Me voilà bien, je ne me rappelle pas la date du jour.

Puisque je ne reconnais pas mon environnement, j’ouvre l’œil gauche. Cela pourrait s’avérer utile. Je ne reconnais pas davantage ce qui m’entoure.

J’entends un clapotis derrière ma tête. Je m’appuie sur le coude gauche, qui repose sur la terre. Je fronce les sourcils ; mais qu’est-ce que c’est que ça ?

Je reconnais Gabin, mon magnifique poisson coloré, dans son bocal. Je lis dans ses bulles qu’il est en quête de sa lune rousse. C’est une lubie, ça lui passera. Je m’assieds. Au sol, de la terre, au-dessus de moi, des feuilles. Une forêt, probablement.

Cela reste nébuleux. Je porte mes doigts à mes yeux. Effectivement, je n’ai pas mes lunettes.

Décidément, pas de téléphone, pas de lunettes… et pas de vêtements. Fichtre ! Mais qu’est-ce que je fais ici ?

Gabin s’agite dans son bocal. Il a dû sentir quelque chose. On ne dirait pas comme ça, mais mon poisson, il est aussi fiable qu’un chien ou chat pour détecter le danger ! Les glouglous deviennent de plus en plus intenses… Je cache mon intimité avec des feuilles tombées en syncope en me voyant. Je cherche une cachette. Au loin, derrière l’arbre, j’aperçois, mais il me paraît flou, l’habitant du bois; Ce ne peut être que lui. Je m’accroupis. La forêt s’anime. Je cherche la fuite. Comment ramper parmi les feux follets sans se faire remarquer ?

L’homme approche, une espèce de long bâton dans la main droite. J’essaie d’accommoder. Fusil ? Un clic. Pan !

 

*-*

 

Je me redresse en sursaut.

Oh sorry, darling ! Je fais exploser le… balloon. Is that right ? prononce une voix masculine.

Je ne reconnais pas la pièce. La literie est confortable. Le Daily Mirror de mercredi est disposé à côté de moi. Et à mon annulaire gauche brille une alliance.

Je trouve mon téléphone sur la table de chevet ; j’ouvre mon agenda électronique. Aujourd’hui, je suis à Londres, et je repars demain pour Paris. La semaine prochaine, ce sera Berlin. Titanic Comfort Mitte. Puis Venise, B & B. Comme une routine.

Et ne pas oublier de souhaiter l’anniversaire de John.

John ?

Je commence à avoir mal au crâne.

Je ramène le drap au-dessus de ma tête. Quelque chose saute sur le lit.

Mummy ! s’écrie un garçonnet.

Wouf ! renchérit un labrador.

C’est quoi ce dédale ?

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