Le printemps suivant comme le printemps précédent. Des cerisiers roses en fleurs. Du vent dans les branches. Une pluie de confettis parfumés. Des hirondelles s’envolent. Des enfants jouent. Une balle rebondit. Une porte claque.
Une page blanche. Des mots s’entrechoquent. Le printemps suivant comme le printemps précédent. Le temps emprunt. L’inspiration perdue. L’imagination évaporée.
Linda avait pris le dernier avion. Elle était allée à l’aéroport et avait dit : « Le prochain avion, s’il vous plaît. Un aller simple ». L’hôtesse de l’air lui avait gentiment répondu avec un sourire plein de dents blanches. « Le prochain vol est à destination de Séoul ». Parfait, s’était dit Linda. L’Extrême-Orient pour s’échapper de l’Occident. Atterrir dans une nouvelle culture, tellement loin de la sienne. Ce serait vraiment parfait pour retrouver l’inspiration.
Linda n’avait pas dormi durant le long trajet. Elle avait collé son front sur le hublot. Elle comptait les étoiles, les nuages. Elle espérait rattraper le jour, ou la nuit, elle ne savait plus trop. Elle n’avait rien mangé non plus, ni bu. Le personnel de bord lui était complètement invisible. Encore trop européen, encore trop occidental. Quelle idée de voyager sur Air France !
A Séoul, elle avait été surprise par une chaleur étouffante pour un printemps. Mais peut-être que les printemps sont toujours étouffants en Corée, Linda n’en savait rien. Elle avait forcément les réflexes corporels de la météo de son pays. Et au printemps, la moiteur n’avait jamais été de mise.
Linda avait pris un taxi, elle avait collé son front à la fenêtre. Le défilé de couleurs printanières l’avait envoûtée. Le taxi s’était arrêté devant un grand hôtel. Un hôtel pour Occidentaux. Le cœur de Linda se serra. Sa respiration se bloque. Pourquoi ? Pourquoi autant de kilomètres, autant d’heures d’avion ? Linda avait besoin de ne pas se sentir chez elle.
Elle fit un signe au chauffeur de taxi. Elle croisa les doigts pour qu’il comprenne son anglais. « Bed and breakfast ? » tenta-t-elle. Le chauffeur baissa la tête et rougit. Quelle impolitesse ! Je ne vais pas l’emmener chez moi. Pour qui me prend cette européenne ?
Voyant le désarroi dans le regard du chauffeur, Linda réessaya. « No big hotel please. Small hotel. Corean hotel. No Marriott’s ». L’anglais de Linda laissait fortement à désirer mais, contre toute attente, le chauffeur avait compris.
Il la conduisit dans le quartier de Hondgae. Il avait traversé Gangnam. Le chauffeur avait dit que c’était un quartier d’affaires, que c’était ici qu’elle devait venir pour boire un verre et faire la fête. Opa Gangnam Style, s’était souvenu Linda. A Hongdae, il lui avait présenté le quartier étudiant et bohême. Il indiqua du menton le carnet qu’elle avait sur les genoux. Linda lui sourit et le remercia d’avoir compris ce qu’elle cherchait.
Le taxi s’arrêta devant une maison de bois et de métal. Il l’aida avec sa valise et alla sonner à la porte. Linda ne comprenait rien à l’échange entre le chauffeur et la vieille dame qui venait d’ouvrir. Au bout de quelques minutes, la vieille dame murmura un « welcome » et s’inclina.
Elle lui fit signe de la main pour la suivre. Linda remercia le chauffeur, s’inclina la main sur le cœur. La vieille dame l’emmena au bout du couloir, fit coulisser une porte. Elle pointa du doigt et dit « bed ». Elle montra une autre pièce plus loin et dit « breakfast ».
La vieille dame lui proposa des chaussons à porter à l’intérieur. Elle lui montra où laisser ses chaussures pour l’extérieur. Elle se présenta, posant sa main sur sa gorge, « Anna ». Elle leva les sourcils pour demander « et vous ? ». « Linda » répondit l’invitée, contente de comprendre l’échange.
Anna lui demanda si elle avait faim en coréen, s’aidant d’une gestuelle en sous-titre. Linda hocha la tête. Anna lui montra à nouveau la pièce où le petit déjeuner était servi. Linda posa sa valise dans sa chambre, se débarbouilla et rejoignit Anna dans la salle à manger.
La table était dressée. Une multitude de petites assiettes avec des ingrédients différents dedans. Anna lui offrit un bol de riz avec des baguettes et l’invita à piocher ce qu’elle voulait dans chaque assiette. Du poisson, du poulpe, des haricots, des carottes, des beignets. Linda n’osait même pas demander ce qu’il y avait dans les assiettes. Elle craignait de vexer son hôte. Elle avait goûté des choses épicées, d’autres moins. Ses papilles s’étaient réveillées, sa gorge était en feu mais Linda ne pouvait s’arrêter de sourire et de remercier Anna.
Après avoir bu l’équivalent de trois verres d’eau, Linda fit signe qu’elle voulait faire un tour. Anna l’accompagna à l’arrêt de bus, lui montra que c’était le bus n°62. Elle lui écrivit sur un petit papier le pictogramme correspondant à l’arrêt. Elle lui mit aussi l’adresse, son nom et son téléphone au cas où.
Linda était aux anges. Anna lui dit de prendre le bus en direction du Nord et de descendre dans sept arrêts. « Cherry blossom », lui avait-elle pointé du doigt dans la direction à prendre. Linda attendit le bus à peine deux minutes. Elle paya son ticket et s’assit à la fenêtre. Elle colla son front à la vitre le temps des sept arrêts. Les couleurs de cette ville l’enchantèrent vraiment.
Heureusement que nombreux furent ceux qui descendaient au même arrêt qu’elle car elle était tellement perdue dans sa rêverie qu’elle faillit oublier de descendre. Elle sauta sur le trottoir comme une enfant. Elle fit un autre bond pour sauter dans une flaque. Elle rit de sa bêtise et se redressa. Elle reçut une gifle esthétique.
A perte de vue, devant elle, des cerisiers en fleurs tous roses sauf un. Elle s’avança vers le seul et unique cerisier blanc de cette forêt de coton rose pâle. Elle alla s’asseoir à ses racines. Elle inspira profondément. Elle prit son carnet et commença à esquisser le paysage autour. Linda n’avait jamais été une grande illustratrice mais cette fois les dessins venaient plus facilement que les mots.
Elle n’avait qu’un crayon à papier. Elle aurait aimé rendre cette explosion de couleurs, cette cascade de douceur dans son croquis. Elle dessinait, appuyait parfois plus fort pour donner du contraste, estompait à certains endroits.
Linda n’avait pas vu le temps passer. Elle avait profité de chaque minute, chaque seconde. Elle avait soufflé sur chaque pétale qui lui tombait dessus en faisant un vœu. Ce jour-là serait à marquer d’une pierre blanche, avait-elle pensé. Ce jour-là, elle avait décidé d’être heureuse.
Elle avait laissé le gris de sa vie passée loin derrière. Le gris, ça avait été chez elle pendant très longtemps, trop longtemps. Jamais elle n’aurait pu penser, jamais elle n’aurait osé rêver qu’un jour le gris ne ferait plus partie de sa vie. Linda savait pourtant qu’elle verrait sûrement à nouveau du gris mais elle s’était convaincue que désormais elle ajouterait toutes les autres couleurs de la vie.
Elle avait pris le 62 dans l’autre sens. La nuit était déjà tombée. A l’Est, le soleil se couche tôt, très tôt. Cette différence de luminosité avait aussi intrigué Linda. Au printemps, en France, on change d’heure, on passe à l’heure d’été. Est-ce qu’ils font la même chose en Corée ? Elle verra bien demain matin l’heure qu’il sera pour savoir.
Au retour aussi, elle avait failli rater son arrêt. Pourtant elle le savait bien qu’elle ne se repérait plus si l’endroit qu’elle avait vu le jour était passé à la nuit ou inversement. Fort heureusement, elle avait aussi choisi d’autres repères dont une enseigne de magasin. Au milieu des pictogrammes, il y avait un cœur avec un symbole infini dedans. Beaucoup de courbes, de jolies courbes dans un trait continu et fluide.
Elle sonna à la porte, retira ses chaussures dans le vestibule, glissa dans les chaussons. Anna l’interrogea du regard « Alors ? ». Linda lui tendit son carnet et ses dessins. Anna tourna les pages lentement. Linda n’arrivait pas à lire ses expressions.
Une feuille glissa et tomba au sol. Anna la ramassa. Elle la défroissa du plat de la main. Sur ce dessin, ce n’était pas la Corée, ce n’était pas les cerisiers, ce n’était pas non plus les couleurs flamboyantes. Sur ce dessin, un visage, un sourire, des yeux tristes. Au dos du dessin, une dédicace « Sourire n’est pas mentir ». Pourtant, ce visage ment ouvertement. On sent les larmes monter, on sent la gorge se nouer, on sent le cœur s’arrêter de battre, on sent une fissure.
Anna regarde Linda et ses yeux interrogent. Linda hausse les épaules, elle ne sait pas. Elle doit promener ce dessin depuis longtemps déjà mais ce n’est pas elle qui l’a dessiné. Qui alors ? Elle l’a peut-être ramassé par erreur quand elle avait fait tomber son sac, un jour, ailleurs. Lui avait-on donné intentionnellement ? se demande-t-elle soudain. Une sorte de déclaration ? Du vandalisme amoureux ?
Elle cherche dans son passé. Elle essaie de se souvenir de ce qu’elle n’a pas vécu. Allongée, les bras croisés derrière sa tête, elle fixe le plafond et se refait le film. Ce visage ne lui ressemble pas. Elle reprend le croquis, se lève pour se regarder dans le miroir. Elle compare le dessin, le reflet. Sa tête tourne. Elle appuie son front contre la glace étonnamment fraîche.
Elle se souvient d’une silhouette, d’une chevelure dense et d’une bouche épaisse. Le reste est flou. Il lui avait tendu ses affaires, il lui avait tendu la main. Linda se laisse tomber sur le lit, les bras en croix. Lui avait-il dit quelque chose ? L’avait-elle entendu ?
Anna tape à la porte. Linda s’extirpe du lit. Anna dit quelque chose en coréen. Linda comprend « ok » dedans. Elle acquiesce. Anna montre la salle à manger. Linda sourit, accepte. Elles mangent toutes les deux sans se parler, elles échangent avec leurs yeux. Ils expriment beaucoup la gratitude. Anna aime la compagnie de cette occidentale perdue. Linda aime la bienveillance de cette vieille dame qui la comprend tellement.
Linda ne sait pas encore si elle peut rester là. Ce n’est pas chez elle, ce n’est pas son lieu, sa place. Pourtant, ce voyage la bouscule, cet endroit l’émerveille. C’est souvent comme ça quand c’est nouveau, quand on découvre. Se lasserait-elle d’être loin de chez elle ? Se lasserait-elle d’un pays aussi lointain ?
Linda décide à ce moment précis que, chaque printemps, elle quittera l’endroit où elle est pour découvrir un autre espace. Elle ouvre son carnet, prend un crayon. Aucun mot ne vient. L’inspiration n’est pas revenue, l’imagination non plus. Écrire un carnet de voyage est bien trop personnel. Elle ne sait pas si elle y arrivera.
L’automne suivant comme l’automne précédent, elle fêtera son anniversaire. Pourquoi y pense-t-elle maintenant ? Elle s’endort au bruit du vent. Le lendemain, le soleil brille sur les feuilles. Elle n’ose pas regarder l’heure. Le temps a-t-il changé ici aussi ?
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PUBLICATIONS DES PARTICIPANTS
J’ai fréquenté durant plusieurs années les ateliers d’écriture Sous les Toits de Cécile et Philippe, que je viens de retrouver en novembre avec Les Petits Papiers. Depuis la pandémie, je me suis lancée un peu plus « sérieusement » dans l’écriture et mené certains projets à bien. Après « le Fils de l’autre », que j’ai déjà présenté sur ce blog, « Avenue du Père-Lachaise » est mon deuxième roman. Il est né de ce qui devait, au départ, être un recueil de nouvelles. Celles-ci étaient souvent liées les unes aux autres en une sorte de « suite », je les ai remaniées pour en faire cet OLNI (objet littéraire non identifié), qui a trouvé son éditrice, les Editions Marie Romaine, https://www.editionsmarieromaine.fr/. Ce roman choral est sorti en janvier 2024. En voici le pitchDeux femmes, trois hommes, un lieu : le cimetière du Père-Lachaise, à Paris. Au fil de ce roman, des vies se télescopent, des destins se lient, des êtres se trouvent ou se séparent. Les personnages rebondissent d’un chapitre à l’autre, tous réunis dans cette mystérieuse nécropole par l’absence, le manque, le deuil, l’espoir d’une renaissance. Si la mort a un jour croisé leur chemin et redessiné leur parcours, sa présence n’arrive jamais à obscurcir cette valse mi-joyeuse, mi-tragique, au terme de laquelle l’un d’eux va disparaître.Et le lien pour découvrir le livre : https://www.editionsmarieromaine.fr/product-page/avenue-du-p%C3%A8re-lachaise-monique-blond Merci pour votre lecture !
La danse du papillon provient d’un texte court produit pendant un atelier d’écriture que j’avais suivi il y a une trentaine d’années. Par la suite, j’ai repris cet écrit à plusieurs reprises, tout en rédigeant d’autres textes sans rapport avec cette ébauche. C’est plus tard que, disposant de temps et de disponibilité d’esprit, j’ai ressorti de mon ordinateur les brouillons successifs du petit texte initial pour travailler encore et encore une histoire dont je ne savais pas très bien où elle allait. Et petit à petit, quelque chose a commencé à prendre forme, qui s’était éloigné du tout premier texte d’atelier, qui puisait aussi dans d’autres textes moins anciens et se nourrissait de fragments nouveaux, parmi lesquels des ébauches écrites pendant des séances de l’Atelier sous les toits. Le soir, des personnages s’invitaient dans mes rêveries, rechignant parfois contre ce que je venais de leur faire faire ou contre le prénom que je leur avais donné, formant petit à petit l’histoire à ma place. Je griffonnais quelques notes et le lendemain, j’essayais de traduire ces notes en écriture… essais parfois fructueux, pas toujours ! Parvenir à la forme aboutie de La danse du papillon m’a pris plus de six ans. Si je reviens sur ce travail d’écriture, je peux distinguer plusieurs aspects. D’abord, le travail de la phrase : portée à écrire de longues phrases pleines de digressions et d’incises dans tous les sens, j’ai dû énormément les retravailler. Pendant plusieurs années, j’écrivais chaque jour un ou deux paragraphes, ou seulement deux ou trois lignes, et je les raturais et les réécrivais indéfiniment les jours suivants en me disant que c’était nul, et moi avec. L’écriture de La danse du papillon m’a servi d’exercice d’écriture mais aussi, en étant aussi quotidiennement présente, m’a coupée d’autres formes, comme par exemple la forme poétique dont je me suis éloignée à regret. Ensuite le travail de la structure : comment organiser l’histoire, présenter les évènements, ménager un certain suspens. Longtemps, le récit n’avait aucune structure, probablement aussi parce que les grandes lignes de l’histoire n’étaient pas encore clairement définies. Puis, quelque chose a « pris » et la structure est apparue. Evidemment, je n’avais pas fait de frise chronologique et mes personnages apparaissaient n’importe quand, à rebrousse-temps : pourquoi pas, en théorie, un récit temporellement déstructuré, mais cela ne se prêtait pas à l’histoire que je voulais raconter. Je me suis donc emmêlé les pinceaux jusqu’à ce que ça tienne à peu près et que je déclare la structure achevée. Désireuse d’en finir, je n’ai pas écouté la petite voix intérieure qui tentait de me dire qu’en fait la structure était bancale. Cécile, à qui j’ai confié la relecture de la première version de ce récit dans le cadre de l’Atelier Face à Face, m’en a aussitôt fait la remarque. Il a fallu me remettre à la tâche, couper, tailler et retailler et m’apercevoir qu’avec la nouvelle combinaison, ça ne collait plus, des évènements se produisent dans le mauvais sens, des gens mouraient avant d’être nés etc…. Finalement, ça c’est fait, en quelques mois. La manuscrit terminé, j’en ai éprouvé à la fois de la joie et de la légèreté. Je n’avais pas l’idée que cet écrit puisse être publié. Je l’ai offert à mes proches en format A4 et c’est de mon entourage qu’est venu l’encouragement à chercher un éditeur… J’ai mis du temps à faire la démarche, je ne me sentais pas légitime et je me demandais ce qu’un bouquin de plus viendrait ajouter à des masses et des masses de livres publiés chaque semaine…. Nombreux ont été les refus implicites (pas de réponse sous 4 mois signifie un refus) et les refus par courrier, certains assortis de commentaires encourageants, jusqu’à ce que les éditions de l’Harmattan acceptent de le publier. Je continue à me demander si publier est une fin en soi : ce qui a compté le plus, c’est d’avoir écrit. Mais maintenant, je ne peux plus faire abstraction du fait que ce livre est publié et c’est vrai que savoir son texte lu par d’autres yeux, d’autres oreilles, par des âmes éloignées que l’on ne connaît pas, et parfois en recevoir un témoignage, c’est tellement fort ! D’une certaine façon, on en fait l’expérience à une autre échelle en atelier d’écriture ou dans le blog de l’Atelier : le partage de ce que l’on a écrit, le retour des lecteurs ou des auditeurs (selon la forme de l’atelier) est une expérience du risque, de la remise en question mais aussi du partage et de la joie. La danse du papillon se commande dans toutes les librairies, sur les sites de vente en ligne et sur le site des éditions de l’Harmattan : https://www.editions-harmattan.fr/livre-la_danse_du_papillon_aliette_zumthor_sallee-9782140294846-74491.html
Tout est parti d’un courrier de lecteur, découvert en septembre 2019 : un professeur de physique-chimie reconnaît, dans sa classe, le fils de son ancien harceleur, qui ressemble trait pour trait à son père. Il s’inquiète auprès de la psychologue de sa réaction possible envers cet élève : ne sera-t-il pas tenté de lui faire payer les persécutions du père, même inconsciemment ? La thérapeute lui répond, entre autres choses, qu’il y a là matière à écrire un roman ! Le samedi, à l’atelier Petits Papiers, chez Cécile et Philippe, je choisis d’écrire un texte inspiré de cette histoire, au gré des fameux « petits papiers ». Les retours plutôt positifs m’encouragent à peaufiner à la maison ma nouvelle Le Portrait de son père, que j’envoie à trois ou quatre revues. L’envie d’aller plus loin ne me quitte pas et je m’inscris à un atelier Premier Roman (en formation pro), pour transformer la nouvelle en roman. En avril 2020, la revue Brèves m’appelle pour m’informer qu’elle souhaite publier Le Portrait de son père dans son numéro 116 (collectif « Jeunesse »). Cela renforce encore ma motivation pour le roman, dont j’achève le premier jet en juin. Je poursuis la réécriture les mois suivants. En plus des retours obtenus en atelier, je fais « diagnostiquer » mon texte en janvier 2021 par un site professionnel, puis, après l’avoir remanié, je commence à envoyer mon manuscrit à des éditeurs en septembre 2021, assorti d’une lettre de présentation longuement travaillée, d’un synopsis, etc. Je continue mes envois jusqu’en mars 2022. Sur la quarantaine d’éditeurs contactés, j’obtiendrai six réponses, toutes négatives, mais parfois encourageantes (quand même !). Enfin, en avril 2022, un éditeur (IGB) me téléphone : il a aimé mon roman, mais attend d’avoir l’avis de son comité de lecture et de son associée pour me donner un accord définitif. La même semaine (!), les Editions Il est Midi me contactent à leur tour pour me proposer directement un contrat. C’est avec eux que je signe, en juin 2022. Mon roman, le Fils de l’autre, sort le 10 octobre. L’expérience a été intéressante, même si le livre n’est vendu que sur commande (en librairie, à la Fnac, chez Amazon et sur tous les sites marchands), donc peu visible. Par ailleurs, Il est Midi n’organise pas de dédicaces et ne participe pas à des salons. Enfin, je n’ai jamais rencontré mes éditeurs, nous n’avons échangé que par mail et au téléphone. J’ai donc réalisé moi-même mon dossier de presse et obtenu deux chroniques (sur Femina.fr et Télé-7-Jours) et deux interviews. Un club de lecture, à Pierrefonds, m’a également invitée à une journée de présentation, et je me suis inscrite à deux salons en 2023 (réponse en attente). L’aventure continue, sans bruit, mais c’est formateur… Encore merci à Cécile et Philippe, dont l’atelier Petits Papiers m’a permis de poser les jalons de mon projet. Je leur ai même volé une très jolie phrase, tirée au hasard des « petits papiers » et que j’ai gardée dans le roman, bien évidemment ! Monique Coant-Blond Pour en savoir plus sur le livre, n’hésitez pas à aller sur mes pages Facebook https://www.facebook.com/profile.php?id=100082078084319 et Instagram https://www.instagram.com/emsie_blond/?hl=fr ou, pourquoi pas, sur le site de l’éditeur https://editions-il-est-midi.eproshopping.fr/1740324-LE-FILS-DE-L-AUTRE-Monique-Coant-Blond
LIVRES AIMÉS
J’ai aimé l’atmosphère; j’ai souri ; j’ai admiré le style; j’ai râlé de frustration lorsque je découvrais les personnages petit à petit et non bien campés en début de livre ; j’ai frémi devant le suspens de l’histoire et des personnages; je me suis laissée bercer par l’ambivalence constante entre rêve et réalité; j’ai été touchée quand j’ai enfin compris les visites d’amitié et de souvenirs de ce groupe hétéroclite et j’ai même versé une larme en refermant le livre.
En passant dans le rayons BD (au RDC, pour les grands, pas au 3e chez les enfants) d’une médiathèque, je me suis arrêtée sur Profession du père, de Sébastien Gnaedig. C’est une adaptation du roman de Sorj Chalandon. Je vous le dis tout de suite : je n’ai pas lu la version sans images. Mais la version adaptée a renforcé l’envie de la découvrir, même si je peux m’attendre à une violence accrue. En noir et blanc, en quelques dessins, l’intensité est présente. La dérive d’une homme dans une période sombre de l’histoire de France. « Les événements » dans nos livres d’histoire, pour ne pas dire « la guerre » d’Algérie. Je ne sais pas ce qu’en pensent celles et ceux qui ont lu S. Chalandon. Cette adaptation est une introduction, une ouverture. Profession du père est publié aux éditions Futuropolis en 2018.
Le point de départ de l’auteure est que nous avons été, ou serons, toutes et tous un jour confrontés à la mort de notre mère. La narratrice, journaliste célibataire de 31 ans, décrit ce qui l’oppose à sa sœur, mariée, 2 enfants. Leur mère meurt brutalement. Assassinée. Le lecteur suit avec la narratrice l’enquête, les arrangements pour vider la maison, ce que deviennent les relations familiales et sociales lorsque l’on perd sa mère aussi dramatiquement. Des secrets vont au fil des pages transformer des vérités jusqu’ici bien établies. Il y a beaucoup d’humour dans ces pages. Et des rebondissements. Le récit m’a parlé, souvent. Mère disparue est paru en 2007, édité par les éditions Philippe Rey.
Trois livres en forme de trilogie de Deborah Levy, auteure sud-africaine vivant en Grande-Bretagne : Le goût de la vie, Ce que je ne veux pas savoir et Etat des lieux. Les ouvrages sont traduits par Céline Leroy. Une écriture très ancrée dans la vie, mais en même temps très subtile, où l’auteure à la fois s’interroge sur la présence du passé dans le présent, et très souvent décale notre regard sur des évènements très simples et quotidiens pour en dégager un aspect neuf. Elle y excelle lorsqu’elle questionne, sans verser dans la démonstration, les rapports de genre, son travail d’écrivaine, ses rêves non réalisés. Elle est souvent drôle, légère et toujours intéressante. Merci à la traduction excellente.
Le cercle des menteurs ou Contes Philosophiques du monde entier rapportés par Jean-Claude Carrière. Habituellement, le terme de « contes philosophiques » me donne envie de rebrousser chemin car c’est un genre dont le ton appuyé, l’intention de donner des leçons produit souvent des textes ennuyeux et « voulus » (ce n’est que mon avis !). Ici, c’est tout le contraire : histoires courtes, du conte à la blague, racontées avec le brio qu’a Jean-Claude Carrière pour s’exprimer. Si l’on connait sa voix, on a l’impression en lisant qu’il est présent et qu’il conte à haute voix. Le premier comme le deuxième tome sont des régals. (en photo le deuxième tome)
Un texte très court (78 pages) sur la maladie contractée à son travail par le père du narrateur. Ce que j’ai aimé dans cette écriture, c’est que sous l’apparente pauvreté émotionnelle du texte, l’auteur, en nous livrant la stricte description des faits et gestes des protagonistes, sans à aucun moment ne juger quiconque, nous laisse toute la place pour mobiliser notre propre émotion et penser par nous-mêmes.
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J’ai lu ce beau texte, on pourrait dire cette nouvelle, avec grand plaisir. On s’attache à ce personnage, on suit cette femme tout au Long de son voyage. On découvre le paysage et ses émotions. C’est très réussi je trouve.
Merci Monique. L’atelier du samedi permet effectivement d’écrire des histoires plus longues. On se laisse porter par les mots et les textes des autres.
Merci encore pour ton retour.