Même si je sais que demain la terre tournera

Lundi, je ferai le ménage pour que tout soit bien propre autour de toi. J’apporterai des courses aussi et je préparerai quelque chose de simple mais qui te plaît : des carottes râpées avec une vinaigrette à l’orange pressée, du steack haché et des pommes de terre au four. Tu me diras que c’est trop, que tu n’as pas faim pour tout ça et je te dirai que ce n’est pas grave. Je te servirai seulement un peu de carottes râpées et tu laisseras pour plus tard la moitié de ta viande et des pommes de terre. On prendra un café et tu te recoucheras. Je resterai à côté de toi et je te tiendrai la main plus longtemps que nécessaire. Parce que j’aime sentir ta main dans la mienne, ta tiédeur, ta douceur. Ensuite, je partirai et j’irai où bon me semble, flâner dans les rues. Le soleil sera déjà en train de se coucher et j’entrerai peut-être dans un bar pour boire un verre au comptoir. Un Porto avec des chips.
Parce que même si je sais que demain la terre tournera encore, elle tournera chaque jour un peu différemment. Je t’emmènerai avec moi dans mes pensées, dans mes souvenirs. Elles seront à nous pour toujours ces journées passées ensemble, celles d’il y a longtemps, quand j’étais une enfant, et celles de maintenant. Et s’il y a du soleil, il fera un peu plus chaud dans ta chambre et ce soleil d’hiver, doux et rasant, tu me diras qu’il te fait du bien, qu’il te réchauffe un peu. Je perdrai mes clés un instant et je les retrouverai aussitôt, c’est toujours comme ça quand je suis perturbée. C’est que j’ai un peu peur de demain, tu le sais sans doute, même si je le tais.

Cécile C