Près de la fontaine d’Hortense

Devant le miroir, Hortense coiffe sa longue chevelure rousse. Sa mère lui ordonne de cacher cette couleur de feu aux yeux des hommes, cela les rendrait fous. Hortense est belle, pourtant. Mais seule.

Le château enfoncé profondément dans la forêt l’enferme loin des vivants. Louise a un secret : elle détient la clé d’une grille qui empêche le passage du monde vers son vide. Ou de son cachot vers la vie. Quand elle sait sa mère et tes domestiques couchés, elle ouvre la lourde grille qui la sépare d’une société moins sectaire.

Chaque jour elle vient caresser l’écorce de l’arbre aux 5 troncs. Elle l’envie. Il est libre de se développer à sa guise, sans contrainte.

Elle le contourne pour se diriger vers le bassin que des mois de pluie ont presque rempli. L’eau y est calme.

Ce soi, un jeune homme se baigne, nu. Hortense se cache. Elle n’a jamais vu d’homme déshabillé. La lune éclaire la silhouette du garçon. Il a peut-être son âge. Qu’importe. Hortense se montre. Le jeune homme bégaie un « Pardon ! » et se couvre d’une serviette.

– Tu t’appelles comment ? demande Hortense.

– Louis. Et toi ?

– Hortense.

– La fontaine, c’est pour toi ?

– C’est mon père qui lui a donné ce nom-là. Il n’a pas beaucoup d’imagination. Tu viens souvent par ici ?

– On m’a parlé d’une princesse qui hante la forêt et danse avec les esprits. J’aimerais la rencontrer.

– Ah oui ? Et pour quoi faire ?

– J’ai perdu mon frère, ici. Il s’est noyé dans ce bassin. Il me manque. Tu peux m’aider à le retrouver ?

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