Il mesure 2m02, est bâti comme une armoire normande, sauf qu’il a été assemblé en Italie. Il se présente et demande les coordonnées de mes chefs.
« C’est pour le Secret Santa, et le concours de pulls moches de Noël » précise-t-il, avec son accent transalpin.
Je rentre la tête dans les épaules. Et voilà que ça recommence ! Faire des cadeaux à une bande d’inconnus à qui je vais devoir sourire une fois dans ma vie, avant de danser de joie dès qu’ils seront en vacances. Vive le 26 décembre qu’ils se cassent tous !!!
On m’a inscrite sur la liste des faiseurs et des destinateurs de cadeaux. « Ça va te faire du bien, tu fais tout le temps la gueule » a justifié Jérémie.
J’ai gardé le silence.
Pourvu que je ne doive pas faire de cadeau à Jules ; je ne peux pas le blairer. Il ne fout rien de la journée et j’ai du mal à travailler avec des glandeurs. C’est con, mais je me soigne.
Au final, le sort a désigné Solange pour recevoir mon cadeau. Or je ne sais pas qui c’est. Je demande à François, à Alban, à Christophe… Personne ne l’a jamais vue. Est-ce une jeune geek tatouée ? Une femme raffinée ? Boit-elle du thé ou du café ?
Le directeur de projet a promis les boissons gratuites à condition d’avoir son gobelet. Va pour un mug. A fleurs ? A message ? Et si elle n’aime pas l’humour ? Tant pis ! Je déniche ma perle rare : blanc, un peu déformé – c’est à la mode – avec un message simple. « Ne pas déranger, je bois mon café ». Je le fais emballer.
*
Je jour J arrive. Tout le monde est guilleret. Sauf moi.
L’organisateur (l’armoire italo-normande) sonne le rappel, une cloche à la main : « Cadeaux ! Cadeaux ! ». Je me dirige vers une salle où trône un sapin composé de lattes de bois. Je dépose le paquet pour Solange. Du regard je balaye le pied du pain. Ouf, mon prénom n’y figure pas !
« Alors… le cadeau pour… Virginie ! » lance l’organisateur.
Je me crispe.
Un clown s’approche de moi. Il se met à parler : » Salut, c’est ton ton cadeau ! ».
Je suis pétrifiée.
*
Thomas me bouscule dans le lit. « Virginie ! Lève-toi, il est 7 h !. Tu n’oublies pas ton pull de Noël, hein ? »