Retour au jardin

Après l’Andalousie, ses musées, ses ors, j’ai retrouvé mon jardin, que je n’avais quitté que huit jours et qui m’est apparu si différent à mon retour !
Le soleil était revenu et le printemps aussi, qui ont transformé le merisier en d’abondantes crêtes blanches à l’assaut du ciel.

Les violettes sont bien là et le jardin est maintenant couvert de myosotis, côté rue, et de primevères, partout ailleurs. Les giroflées sont presqu’ouvertes. Quelques fleurs que je n’avais jamais vues, se sont installées cet automne, à l’abri, au fond du jardin. Près d’elles, notre jeune mirabellier vient d’avoir sa première fleur, la première de sa jeune vie. Alors, je le contemple, je l’ausculte même, à la recherche d’autres fleurs qui pourraient apparaître. Quant aux tulipes, elles ont pratiquement déserté ou se sont mises en retrait. Il faut dire qu’elles revenaient année après année, depuis si longtemps ! Celles qui restent sont des témoins du passé du jardin : quatre tulipes rouges dans le bac avec les myosotis, perdues au milieu du genêt lui aussi dans sa période de beauté, et quelques autres, seules, dispersées.

La Généralife de l’Alhambra de Grenade avait ses plates-bandes dessinées au cordeau, ses pieds de fleurs aux couleurs définies et installées selon un projet bien déterminé à l’avance, et il n’y avait aucune place pour les « mauvaises herbes ». Ici, ce sont les fleurs qui semblent décider de leur sort et de leur place. L’euphorbe, par exemple, se retrouve cette année, de l’autre côté de la maison et le lilas que je croyais mort, présente maintenant de nouvelles pousses après avoir été sérieusement taillé cet hiver.

Les fleurs servent de marqueurs de temps et racontent l’histoire de la maison. Après les perce-neiges, ce sont les primevères, le forsythia, puis les pâquerettes qui démarrent tour à tour leur floraison. Le myosotis apparaît en mars et les roses en mai juste avant l’azalée qui exhibe un rouge flamboyant pour mon anniversaire à la mi-mai. Les roses fleurissent bien longtemps, parfois jusqu’en décembre, mais pour en profiter, il va falloir encore attendre un peu, souvent, jusqu’à la première semaine de mai. Aujourd’hui,  un premier bouton est déjà en formation et la floraison sera peut-être plus précoce cette année. Les rosiers roses au parfum délicat qui illuminent ma terrasse étaient déjà là, bien installés, il y a quarante-sept ans, lorsque j’ai acheté la maison. Comme j’avais peur de les voir disparaître, j’en ai fait pour la première fois des boutures à l’automne dernier, et je les ai replantées il y a deux mois, l’une à l’est et l’autre à l’ouest. Leurs premières feuilles viennent de sortir et je suis leur développement, jour après jour, dans l’attente du moment où j’aurai le plaisir de voir survenir leurs premiers boutons.
le 1er avril 2025

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