L’embardée

Quel patacaisse, une tempête dans un dé à coudre. Toute cette organisation bien huilée s’est écroulée comme une pyramide de cubes le serait, d’une simple pichenette. Patatras ! J’en suis toute patatrac. Ce matin en me réveillant, tout avait pourtant bien commencé. La pluie qui tombait depuis tard dans la nuit n’avait pas entamé mon enthousiasme ni ma résolution. J’avais rempli la voiture sous des trombes d’eau et j’étais partie après avoir bu un petit noir bien serré au comptoir du café de la rue. Ce déplacement, je l’avais préparé dans les moindres détails. La surprise devait être totale. J’avais prévu d’arriver pile-poil vers midi trente, l’heure à laquelle les adultes commençaient l’apéro. Cela faisait près de trois ans que je n’avais pas remis les pieds à la maison. Une embrouille de plus entre mes parents avait eu raison de ma patience. Leurs sautes d’humeur n’étaient plus à mon goût et m’épuisaient. Mais là pour leur anniversaire de mariage, j’avais décidé de resserrer les liens que j’avais distendus en leur faisant la surprise de venir. J’apportais pour égayer les retrouvailles quelques bonnes bouteilles et un saucisson acheté au marché. Tout en roulant, je me remémorais notre dernier séjour ensemble. L’émotion montant, je ne vis pas le virage à temps et mes mains serrées sur le volant ne purent empêcher la voiture de se retrouver au beau milieu d’un pré. Je pleurai de colère quelques minutes, puis ne pouvant rien y faire, je m’allongeai dans l’herbe, profitai de la chaleur du soleil et débouchai une des bouteilles que j’avais dans le coffre.

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