Rose parcourait de ses doigts les reliefs de la mappemonde que lui avait léguée son grand-père. Grand voyageur, il était une mine d’or. Il disait : « De l’autre côté du monde, tandis que l’aube dénudait les fjords ou révélait les façades blanches de Crète, on trouvait des saphirs bleus comme des ciels d’orage. »
Une fois adulte, la jeune femme tint à marcher sur les pas de son aïeul. Elle foula des tapis de neige où seuls des oisillons purs et innocents l’avaient précédée sur leurs petites pattes. Elle apprit à piloter des avions pour voler embrasser les nuages.
Elle remplissait des carnets de voyages qu’elle lisait sur la tombe du grand-père, chaque vendredi. C’était son clin d’œil à l’aventure, à la vie sauvage, à Robinson.
Ainsi s’appelait le vieux voyageur : Robinson.
Un vendredi de printemps, Rose ne vint pas au rendez-vous du cimetière, allée des Mimosas. Malgré le soleil haut, en dépit de la joie de retrouver son grand-père, Rose dut renoncer. Une hépatite fulgurante, au retour de 6 jours de vacances, l’avait condamnée à rester couchée. Comme les ambulanciers étaient en grève, elle ne put être conduite à l’hôpital. Las ! Elle tenta de soigner, seule, son teint de citron. Sans grand succès.
Pendant ce temps, le caveau attendait, attendait. Allait-il se rebiffer ?