La nonne et le cow-boy

Au bord du ruisseau d’où tinte une cascade, ils sont assis. Lui, les cheveux longs, héritage de son passé de cow-boy des grandes plaines de l’Ouest, elle les cheveux rasés depuis qu’elle a franchi les portes du monastère. Sa recherche spirituelle l’a conduite au pied d’un bouddha recouvert d’or. Elle est jeune, et pourtant une canne l’aidera à marcher. Ou à méditer, peut-être.

 

De quoi parlent-ils ?

Avant d’arriver leur hauteur, nous avons remarqué un couple de noir vêtu, enlacé après une beuverie au whisky-Coca, en train de prendre de l’avance sur une nuit torride.

 

Au bord du ruisseau où tinte la cascade, le silence est troublé par l’échange entre la nonne et le cow-boy aux cheveux relevés en chignon. Il lui raconte les plaines du Grand Ouest, elle récite les mantras su Sud Est asiatique.

Une cloche sonne dans la forêt. Un temple, une église perdus d’entre les arbres ?

La nonne et le jeune homme se sont levés puis ont remonté le cours d’eau en direction du couple qui s’embrassait dans l’herbe.

Où sont-ils allés ?

Ont-ils continué à se raconter leur vie respective ?

Sont-ils allés au temple prier ?

Se connaissaient-ils avant ? Avant quoi ? Avant qu’il ne quitte ses vaches, avant qu’elle ne se rase la tête ? Il a gardé les cheveux longs pour lui rappeler qu’un jour elle a eu des nattes, ou un chignon, à recoiffer chaque jour.

Elle s’est rasé et la tête, et il se souvient qu’il a passé quelques mois à la caserne pour apprendre à sauver des vies.

Aujourd’hui il veille sur elle comme elle veille sur lui, lors de leurs promenades au bord de l’eau.

La cascade qui tinte, c’est leur cascade à eux, la cascade du rendez-vous. Ils s’y retrouvent tous les samedis après-midi, quelque soit la saison. Et ils oublient le monde qui les entoure pour ne penser qu’à ce monde à eux, ce microcosme qui naît, ici, au pied de leur cascade.

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