Un groupe de joggeurs a vendu la mèche. Pour aller sur mars, il faudra partir de la lune.
Encore faut-il y arriver.
Quelque part en France se trouve le lieu de sélection et entraînement des futurs Mars-eurs, Mars-iens (avec un s). Les Mars-upiaux sont déjà pris. Ils ont pour point de rassemblement la Route de la Demi-Lune. Le panneau aux contours découpés, dont le pied est marqué de deux croix prémonitoires, leur rappelle qu’une fois rompus aux exercices ici, les prétendants n’en sont pas qu’à la moitié du chemin.
On les repère assez vite, ces hommes courant, branchés de partout. Un casque leur donne le rythme à respecter. Les bras sont alourdis de capteurs qui bipent lorsque le cœur ne bat pas assez vite. S’il accélère trop à se rompre, un autre concurrent prendra la place.
On ne sait pas encore si le vol sera accompagné. Par anticipation, des chiens simulent l’entraînement en piscine. Se jeter à l’eau, courir, s’ébrouer en un temps record, se déplacer de 3m et 42cm, sauter dans l’eau, choisir un promeneur, s’ébrouer près de lui, le regarder fixement, s’essorer les poils encore et encore. Si le badaud ne réagit pas, passer à un autre.
Il s’agit de s’exercer en milieu hostile.
Deux candidats ont été surpris en flagrant délit de pause et seront prochainement exclus du programme « De la Demi-Lune à la planète rouge ». Ils ont franchi la ligne jaune, assis sur un banc pour manger, pendant que les pneus de leurs vélos se refroidissaient. Ils seront jugés devant la cour martiale (mars-iale).
Vous avez compris mes gaillards, la route de la Demi-Lune est un aller simple pour l’enfer.
