Jojo, Django et Christina Aguilera

Je me souviens de cette après-midi mémorable. Sur un coup de tête, on avait décidé avec Jojo et son chien Django de prendre le premier ferry pour aller passer le week-end à Belle-Île-En-Mer. Et comme toujours avec Jojo et Django, rien ne se passait comme prévu. Même quand rien n’était prévu au programme, comme ce jour-là. Pourtant, je crois qu’au fond de moi, c’est bien pour ça que j’appréciais tant passer du temps avec ses deux lurons. L’aventure, la vraie !

Sur la route pour se rendre à l’embarcadère, des bourrasques de vent s’étaient mises à souffler. Si fortes qu’elles avaient littéralement emporté les essuie-glaces de la voiture de Jojo. « La tempête du siècle » s’était exclamé Jojo. Sur le coup, je m’étais surtout dit que c’est sa vieille voiture qui était du siècle dernier.

C’est donc sous une pluie battante que nous poursuivions la route vers Quiberon. Un vaillant bout de caoutchouc de l’essuie-glace était resté accroché au pare-brise. Les « clac – clac – clac » incessants qui résonnaient dans la voiture me rendaient fou. Mais pas autant que la chanson de Christina Aguilera que Jojo avait commencé à brailler à tue-tête. Jojo était évidemment, comme toujours, accompagné de son fidèle baryton, Django, qui aboyait dans le coffre. Je me souviens m’être demandé à ce moment-là si les hurlements de Django étaient un accompagnement de son maître, ou plutôt s’il hurlait des cris de détresse pour que Jojo cesse de nous pourrir les oreilles avec ses miséreuses chansons. Le trajet se passait donc presque sans encombre, comparé à toutes les fois où j’étais monté dans la voiture de Jojo. Enfin, c’est ce que je croyais, car j’étais loin d’être au bout de mes surprises…

Je m’efforçais de voir à travers les vitres embuées de la voiture, si une éclaircie se laissait apercevoir à l’horizon. D’ailleurs, je me demandais bien comment Jojo pouvait bien conduire, étant donné qu’on ne voyait absolument rien à moins de 2 mètres. C’est alors qu’un grand fracas retentit. Aucun doute, les hurlements de Django dans le coffre étaient bien des cris de détresse ce coup-ci. Il me fallut quelques secondes pour comprendre ce qu’il s’était passé. La voiture avait heurté un immense hêtre centenaire, sur le bord de la route. C’était un miracle qu’aucun de nous trois n’ait été blessés dans l’accident.

Je me sentais étonnamment à l’abri à cet instant précis. La pluie se faisait de plus en plus forte et les impacts des gouttes résonnaient dans l’habitacle. A la radio, c’était maintenant Britney Spears qui passait. Nous décidions de sortir tous les trois de la voiture pour se rendre compte des dégâts. Jojo, avec son optimisme légendaire, se félicitait d’avoir embouti la voiture sous ce grand hêtre car il nous abritait de la pluie. J’étais pour ma part dans un état second, entre euphorie et grande détresse. Le constat était clair : j’étais perdu avec mon ami d’enfance et son chien débile qui puait le Saint Nectaire, au milieu de nulle part, avec une voiture sans essuie-glace, sous une pluie battante. Et mes cheveux étaient trempés. Et tout le monde sait que je déteste avoir les cheveux trempés. Pourtant, je n’aurais pas pu être plus heureux qu’à cet instant précis.

Ce contenu a été publié dans Atelier Papillon. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire