13-5-12

13-5-12. C’est une date de naissance.

13 mai 1912. C’est une femme qui n’est plus là, mais dont ces 3 nombres ont noirci des grilles de tiercé pendant des jours, des semaines, des années, des décennies.

Adrien a toujours dit qu’il ne jouait que le 12, le 5, et le 12.

Peu importe le nom du cheval :

Canasson A Clair De Lune, Charlotte Aux Fraises des Bois, Charlemagne Des Alpilles (ces trois-là étaient de l’année des C).

Peu importe l’état du terrain :

Extra-sec, souple, humide, marécageux, compatible avec la pratique du water-polo.

Il m’a répété ne parier que grâce à sa femme Odette, née le 13 mai 1912.

Longtemps, j’ai trouvé la légende belle. l’hommage d’un homme bourru à son épouse, plein de tendresse.

Mais… était-ce vrai ? Adrien prétendait avoir gagné quelques centaines de francs avec ce trio 13-5-12.

En rencontrant des gens qui, au contraire de moi, avaient posé leurs chaussures sur un hippodrome, pris le temps d’en humer l’atmosphère, et observer le spectacle, je me dis que la numérologie n’a pas grand chose à voir avec le monde des turfistes.

Quand bien même Adrien épluchait dans le journal le détail des courses à venir, je me demande s’il a déjà joué d’autres chevaux que ceux porteurs du numéro 13, du numéro 5 , ou du numéro 12.

Il a emporté son secret dans sa tombe.

 

La fille d’Adrien, elle, jouait au loto. Tout le moins était vivement encouragée par son mari à cocher les 6 cases. En vain. En 36 ans de mariage, elle n’a jamais rien gagné.

Elle aussi avait ses lubies, ses chiffres fétiches. Et cachés. Craignait-elle que ses enfants ne s’écharpent s’ils découvraient que leur date de naissance ne collait pas avec les contraintes du loto ?

Si elle savait… ses gosses s’en foutaient de ce jeu, de la pression pour valider les grilles 2 fois par semaine, de l’argent gaspillé là-dedans.

Ces sommes qui auraient pu, un temps, servir à acheter des vignettes Panini pour espérer compléter leurs albums !

La fille d’Adrien a également emporté ses combinaisons mystère dans sa tombe.

 

La petite-fille d’Adrien a, une fois, joué au loto avec ses collègues de travail. Disons qu’elle a accepté qu’on lui force la main. L’équipe n’a rien gagné et la jeune femme en a voulu au bureau tout entier d’avoir perdu 2 pauvres euros.

Pour elle, l’argent se gagne à la force des bras et à la sueur du front.

Elle rend au chevaux leur liberté et aux boules du loto la possibilité de buller tranquillement, sans enjeu.

 

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