Sur la trace d’Hugh l’Indien, l’inspecteur Bouchon ne dispose que d’une plume, égarée en forêt. Est-ce un subterfuge, une ruse effrontée pour leurrer la police ?
La plume est noire, or Hugh est un indien roux.
Sur la trace d’Hugh l’Indien, le commissaire Bouton écrase des branchages secs. « Zut ! Je vais me faire repérer »,bougonne-t-il. Il hisse les jumelles à hauteur de ses yeux. Pas de plume, ni de chevelure de feu à l’horizon.
Sur la trace d’Hugh l’Indien, le capitaine Boulon se laisse séduire par une douce jeune femme à la natte fleurie. « Holà, ma mie, auriez-vous vu un indien roux et sournois ? »
La jeune dame à la chevelure rougeoyante hoche la tête.
Sur la trace d’Hugh l’Indien, l’agent Marguerite Bourdon batifole dans la forêt. Elle aime en secret Hugh l’Indien, dont la sœur à la natte fleurie lui a indiqué la cachette. Elle effeuille une fleur. Il m’aime un peu, beaucoup, passionnément dans ce bois. « Hugues, es-tu là ? » crie-t-elle sous les arbres. Les écorces renvoient l’écho de sa voix. « Où es-tu, où es-tu », murmurent les branches.
Sur la trace d’Hugh l’Indien, l’aspirant Bouclons pose l’oreille à même le sol. « C’est une technique de sioux pour sentir la cavalerie venir. Le sol vibre. ».
« Mais la cavalerie, c’est nous ! » hurle l’inspecteur Bouchon. « Allez, zou, va compter les pétales de la marguerite, ça va t’occuper.
Sur la trace d’Hugh l’Indien, une deuxième plume atterrit entre les seins de Marguerite Bourdon. C’est un signe du destin ! Hugh ne doit pas être loin. Elle scrute les alentours. Rien du scalp flamboyant de son rusé amant.
Sur la trace d’Hugh l’indien, l’indien, les forces de l’ordre sont fatiguées. « On le pendra haut et court », marmonne le commissaire Bouton.
« Avec une corde ! » renchérit le capitaine Boulon, soudain rougissant de la connerie qu’il a sortie.
Hugh l’Indien ne reparut jamais, et Marguerite Bourdon, éplorée, dut épouser l’aspirant Bouclons, qui préférait effeuiller une vraie Marguerite plutôt que la fleur éponyme.