D’une promesse tenue, il retient un message, un acte judicieux qui encourage la fin d’une histoire, le début d’une autre page.
Il a couché des mots sur le papier, des mots qui l’ont calmé.
Sur une feuille, sur un coin de douceur, il a écrit un poème, à Madame, sa dame, sa femme.
Formant un collier de perle de mots, il lui a de nouveau déclaré sa flamme.
Pourquoi ? Pourquoi maintenant, pourquoi ce geste ? Maintenant ou jamais c’est ce qu’il finissait par se dire alors il écrivait avec pudeur ce qu’il avait sur le cœur.
Il décrit son malaise, sa faute, son embarras. Il a pris un train qui n’était pas le bon en osant la tromper. Il sait qu’elle ne lui pardonnera pas, pas encore, pas cette fois. Il a pourtant besoin de soulager sa conscience, de présenter les choses à sa façon.
Des jours, des semaines sont passés sans sa belle, et pourtant l’horloge est toujours à sa place.
Elle qui est si belle quand elle danse, elle dont le prénom signifie « beauté ». Parfois, le monde tourne à l’envers, il suffit de perdre les choses, les gens, les instants pour se rendre compte que ce qui compte est le moment présent.
Parfois, il oublie qu’elle existe, qu’elle était là avec lui. L’écriture et la vie se construisent d’expériences : elles se créent. Alors dans cette ultime lettre, il pense à tout écrire, exprimer son chagrin. Il sait qu’elle ne reviendra pas mais il espère, il s’était promis de lui décrire son amour, c’est désormais chose faite.
Que pensera-t-elle en lisant cela ? Pourrait-elle mettre son mouchoir par-dessus ? Elle n’en a plus envie.
De ses parents elle n’était pas désirée, d’un homme elle en attend plus que tout.
Perchée sur ses talons, elle s’imaginera surement avec un autre homme, dans les Caraïbes. Celui qui pourra la conduire à l’autre bout du monde, pas à pas sur de belles plages, loin de tout.
Perdu dans ses pensées, il se souvient alors combien il aurait pu la rendre heureuse, combien il a tout gâché.
Il finit sa lettre par ces trois mots JE T’AIME
