Impatience

J’attendais l’été avec une impatience mal dissimulée. Dans ce ventre énorme qui pesait de plus en plus lourd. Dans mes promenades pour faire passer les journées plus vite, dans mon pas pesant et tangent, dans mon souffle court au moindre effort. Mal dissimulée dans mes litres de tisanes aux feuilles de framboisier, mes frénésies de rangement et de nettoyage des vitres.

Le calendrier me promettait du temps, après mai, pour profiter sans penser à la reprise. Peut-être même du temps pour écrire, lire, vivre les premières vacances avec un bébé.

C’est étrange comme le temps s’écrase. Quatre mois déjà. Mais quatre mois c’est une formulation vide, une donnée chiffrée, sans âme. Ces quatre mois sont déjà une vie, une petite galaxie de journées à la fois étirées et si rapides. Un tourbillon figé dans l’ambre, l’impression d’avoir été aspirée et propulsée quelque part où le temps n’existe plus. Pas tel que je le connaissais du moins. Ce n’est plus vraiment une ligne. Plutôt des cercles qui se croisent, des veines qui battent et se chevauchent.

L’été est arrivé, toi aussi, l’été est presque reparti, j’ai repris les vieux chemins mais je ne suis plus vraiment la même. Je ne peux pas encore le définir mais je le sens. J’ai beaucoup pensé à la mort cet été. Pas tragiquement, juste la mort, la fin de la vie, la mienne, celle de mes parents. Les êtres qui se rejoignent aux extrémités du temps. Ces mystères qu’on touche du doigt et qui me donnent le vertige.

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