Une première cloque était apparue sur le dos de sa main. Ça le démangeait légèrement, il grattait sans s’en apercevoir. Quelque chose le tracassait mais il n’arrivait pas à savoir quoi. Une phrase balancée négligemment par un ami, quelques jours plus tôt, tournait encore dans sa tête. “Le karma se souvient”.
Sa main droite est maintenant rouge et recouverte de boutons. D’autres commencent à apparaître sur la gauche. Ça brûle à force de gratter. Il fait couler de l’eau froide sur sa peau mais c’est pire, l’effet d’une lacération. Il s’assoit, essaye de se calmer. Il regarde son salon, fait l’inventaire de son bazar, lentement. Son cœur bat de travers et derrière ses yeux, une migraine commence à faire son nid. Il devrait peut-être aérer un peu, ou même sortir. A cette idée, ça le démange encore plus, les cloques apparaissent sur ses bras. Sa peau sent le brûlé à force de grattements frénétiques. Son estomac gargouille mais il n’a pas faim.
De l’autre côté du mur, il entend sa voisine passer l’aspirateur. Elle est encore venue se plaindre cette semaine. Trop de bruit, mauvaise odeur. Pourtant il se fait discret, il essaye juste de se faire des amis. Mais personne ne veut jamais rester. Il ouvre son frigo et attrape la première canette qu’il trouve. Il boit d’un trait. Ses bras sont cramoisis et de nouvelles cloques apparaissent sur son cou.
Il est tellement habitué qu’il ne fait même plus attention à l’odeur pestilentielle qui se dégage de sa chambre. Ça le rassure presque, c’est épais et repoussant, comme un bouclier. Il rouvre le frigo, reprend une canette de bière. Dans le bac à légumes, la tête de son ami le regard d’un œil mort.
Quelqu’un frappe à sa porte. Dans le couloir, il entend la voix étouffée de sa voisine. Elle se plaint toujours des nuisances olfactives. Une voix inconnue lui demande d’ouvrir, en cognant plus fort contre la porte. C’est la police. Et peut-être le karma.