Un bras sur la jetée.

Ce soir-là, il faisait un temps épouvantable sur la mer d’Iroise & la côte la bordant.

Paul était passé, comme à l’accoutumée, sur les quais voir la Marie-Jeanne. Elle dansait furieusement en tirant sur ses amarres. Il en avait vérifié soigneusement les nœuds & puis, en revenant vers le bourg, il avait aperçu à ses pieds, dans une flaque, une manille de bronze de bonne taille. Surpris, il l’avait ramassée & se souvenant que peu auparavant il avait croisé une forme humaine couverte d’un ciré jaune, il s’était dit que, peut-être bien, ce manillon était tombé d’une poche.

Se retournant & jetant un regard alentour, il crut apercevoir une silhouette vers le bout de la jetée. Il s’y dirigea & atteignit la balise d’entrée sans croiser quiconque. Intrigué, il ne savait que penser quand il entendit une voix sous lui, dans l’eau sombre. Penché au-dessus des flots, il vit quelqu’un se débattant dans le clapot vif à deux brasses de la jetée. Il cria vers la forme qui cherchait du secours pour lui indiquer qu’il l’avait vue, attrapa les premiers échelons rouillés de l’échelle de quai la plus proche & se laissa glisser jusqu’à avoir de l’eau à mi-cuisses. Il tendit un bras vers ce qui semblait maintenant être une femme & qui se dirigeait vers lui, l’autre cramponnée à l’échelle.

La voilà. Il lui attrapa le coude, la souleva & la plaqua contre la jetée. Tant bien que mal, il la poussa au dessus de lui, vers la haut.

C’était une femme, plutôt jeune, qui semblait blessée au visage & qui crachait difficilement toute l’eau qu’elle avait bue.

« Merci, merci infiniment » dit-elle dans un souffle à Paul, à genoux sur la jetée qui lui tenait la tête & les épaules. « Je m’appelle Paul. Je suis marin. »

Il pensait à la manille qui avait sauvé la vie de cette femme.

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