devant les Nymphéas

Je me noie. Je me noie dans les Nymphéas. Je me noie dans la feuille sans fin qui s’étire sur la table. Quand je suis entrée dans la salle mon corps entier a été rapté par les toiles et la lumière. L’éblouissement m’a assommée.  Je suis restée sidérée à l’entrée. Je venais de rencontrer une évidence de peinture et de lumière et je faisais corps avec cette vision. Je ne voulais plus avancer.  Je ne pouvais plus avancer. J’avais peur de briser la magie. Je ne voulais pas briser la magie. J’étais à ma place, je ne pouvais pas être ailleurs qu’ici, devant ces Nymphéas, face à cette lumière. Puis j’ai décidé d’entrer dans la peinture. Je me suis collée dans les toiles. J’ai batifolé avec les nénuphars, j’ai glissé le long des herbes, joué avec les saules-pleureurs. J’ai respiré les odeurs de l’été et je me suis reposée sur les berges de l’étang. D’une toile à l’autre j’ai navigué et je suis laissée bercer par le rythme du peintre. Un rythme lent et doux qui me disait : reste, ne bouge pas, existe, sois. Alors je me suis assise et je me suis laissée submerger par la beauté de l’œuvre, par la joie de la lumière. J’étais et cela me suffisait. C’était l’essence de l’être. Rien d’autre n’était nécessaire. Rien d’autre n’existait.

Ce contenu a été publié dans Musée-Ecriture. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à devant les Nymphéas

  1. Catherine Z dit :

    Bravo Caroline,tu as bien fait ressortir ce que tu as ressenti dans cette immersion des Nymphéas.

Laisser un commentaire