Le funambule

L’annonce avait été postée vendredi midi sur Facebook : « Cap ou pas cap : rejoins-moi en haut de la tour Montparnasse pour une traversée magique dans les airs ! signé : Edouard le funambule. Suivaient la date et l’heure : dimanche 18h.

Le post se propagea comme une fusée à travers le lycée. Tout le monde connaissait Edouard, un lycéen de terminale qui défrayait régulièrement la chronique avec ses exploits de funambuliste. Edouard les faisait tous rêver lorsqu’il apparaissait dans ses vidéos, fièrement dressé dans les airs, bravant l’espace, le vent, les dangers, glissant comme un chat d’un bout à l’autre d’un fil qui semblait ne faire qu’un avec lui.

Edouard faisait surtout rêver des jeunes camarades en mal d’adrénaline qui ne connaissaient rien au monde des funambules, et qui y voyaient surtout la magie que cela représentait de se déplacer dans les airs. Edouard était un peu leur héros, car il leur faisait oublier un quotidien morne et insipide dans une banlieue oubliée des politiques et de l’actualité.

Mais pour Léa, collégienne de troisième dans le même établissement, c’était tout simplement un risque insensé. Edouard, elle le croisait régulièrement à la bibliothèque et l’observait souvent, discrètement à travers ses lunettes à monture écaille.

Elle le trouvait sexy et mystérieux, il se mêlait peu aux autres et, même sur terre, se déplaçait avec la même agilité et la même aisance que dans les airs.

Le post d’Edouard du vendredi fit le buzz parmi les lycéens, et les conversations ne tournèrent qu’autour de ça. Les professeurs eurent toutes les peines du monde à leur faire suivre leurs cours.

Qu’importe ! ils seraient tous au rdv dimanche, et même Léa, la timide Léa dont le cœur battait à tout rompre, avec une drôle de sensation à l’abdomen.

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