Sacré poète !

L’eau irrigue les sillons.

Panthère, gorille, oisillon

Ont choisi l’eau de la pluie

Assurant leur longue vie

Quatre vers écrits à la va-vite sur une route quelconque. Tel est pris qui croyait prendre !

Ainsi donc le poète est mauvais.

Pauvre enfant, bel ami… Comme on va le charrier.

Au coin du feu d’un foyer bourgeois, il déclame à toute la maisonnée , les lunettes savamment posées sur le bout de son nez.

Dans les vapeurs d’un pub bondé, il s’écrit à gorge déployée, à qui aimera sa prose entre deux ronflements.

Dans un square, électron libre révolutionnaire, il s’époumone dans la tribune aménagée, à qui voudra l’entendre. Ses feuillets prennent l’eau. Il n’a pas jugé bon d’apprendre son texte avec le cœur.

Le mépris, l’indifférence, le mettent au supplice. Même la critique ne daigne le décrier. Il faudrait pour cela l’écouter… N’importe quelle âme sensible ferait une overdose de ces odes moribondes.

Le public  ? [Mais où est-il ?]

Le public, non ce n’est pas sa came.

Le poète se drape dans ses parures de lettre. Les voiles de son amour propre lui couvrent le visage. Oreilles, bouche, yeux ne sont plus en usage. Les chuchotements moqueurs tendent à disparaître. Le tissu se resserre et l’air ne passe plus.

Au caveau le verbe médiocre de ce piètre poète.

 

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